L'enfance hollandaise

Cornelis Théodorus Marie Van Dongen ou plus généralement Kees Van Dongen est né le 26 janvier 1877 dans la banlieue de Rotterdam, à Delfshaven (Pays-Bas). D’une famille bourgeoise, son père ne s’opposa
La Chimère-Pie

'La chimère-pie',
1895
huile sur toile, 199 x 286 cm,
Collection particulière (en dépot au musée des Beaux-Arts de Nice).

pas à la vocation du jeune Kees; il fréquente l’Académie Royale de Peinture de Rotterdam (bien qu’il se dira autodidacte par la suite) et y rencontrera Augusta Preitinger qui deviendra sa femme.

Celle-ci partira pour Paris en octobre 1897 pour y travailler. Ses influences seront Franz Hals et Rembrandt. L’infuence du maître hollandais est la plus perceptible dans les oeuvres de jeunesse que sont ‘Maggi’ en 1888 ou la ‘Nature morte au faisan’ de 1890. L'analogie avec les premières oeuvres de Van Gogh est évidente : scènes d'intérieur et paysages aux couleurs terreuses et sombres caractérisent en effet le début des 2 artistes dont le destin sera pourtant radicalement différent.
Photo de l'artiste en 1898 à Delfshaven

Il est attiré par les quartiers de la prostitution où sans cesse il prend des notes qu’il va transposer dans son atelier, situé au grenier de l’entrerise familiale. Il acquiert un sens aigu de la notation sur le vif d’un trait souple, et aggressif. S’il peint de petits paysages typiques de la Hollande (canaux, moulins et fermes) souvent de couleurs sombres, ce sont ses dessins à l’encre de chine rehaussés d’aquarelle qui expriment le mieux son talent et qu’il se fera connaître. Il illustrera en 1895 le livre de M.J. Brusse « La vie ardente et la mort de la Zandstraat’, puis collabore au quotidien local ‘Rotterdamsche Niewsblad’. Il se rend à Paris le 12 juillet 1897, son père lui ayant offert le voyage pour ses 20 ans. Il y recherche tout particulièrement la liberté d’un Paris qui le fascine, loin de la sévère Hollande de l’époque. Lorsque l’argent que lui a remis sa famille s’amenuise, il est recueilli par un compatriote, il va fréquenter les milieux anarchisants de la capitale et va mener une vie extrèmement frugale bien qu’aidé par sa famille. Il vivra de petits métiers tels que lutteur, déménageur de baraques forraines, portraitiste pour quelques francs comme il lui plaira de l’avouer plus tard. De ce fait, pendant cette période difficile sa production est très limitée bien qu’il soit remarqué par Félix Fénéon, il devra repartir pour la hollande quelques mois. Ce n’est qu’un intermède forcé puisqu’il reviendra quelques mois plus tard, en décembre 1899 pour rejoindre Augusta Preitinger (qu’il surnommera Guus) qui deviendra sa femme un peu plus tard.

 
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1901,
Encre de chine sur papier.

Il se rendra très régulièrement en Hollande durant l’été. Il travaille maintenant chez le photographe Guerchel, puis comme guide de l’Exposition Universelle, vendeur de journaux... bien qu’il soit probable que Van Dongen aie modifié ses récits a posteriori pour perdre ses biographes. En effet, il déclara aussi être parti à New York comme stewart alors qu’en fait ce fut son frère qui fit ce voyage. Il fera de même pour la datation de ses oeuvres, bousculant la chonologie de celle ci lors de l’exposition de 1941 ? Il va néanmoins collaborer à plusieurs journaux satiriques tels que ‘L’Assiette au Beurre’, ‘Frou Frou’, ‘Le Rabelais’, ‘Le Rire’, ‘L’Indiscret’ et ‘Gil Blas’. Ses dessins à l’encre de chine rehaussés d’aquarelle font merveille dans ce type de publication; exprimant avec force et clarté les thèmes évoqués. Il illustrera entièrement le numéro du 26 octobre 1901, numéro consacré à la vie des prostituées, nommé «Petite histoire pour petits et grands enfants». On retrouve là un thème qu’il avait déjà illustré dans le ‘Rotterdamsche Niewsblad’ et dans le livre de Brusse et qu’il partage avec Toulouse-Lautrec qui mouru cette année-là. On verra dans ses oeuvres postérieures que les femmes fardées se prétaient particulièrement bien à sa palette. L’importance de ces dessins est incontestable dans le développement de ce que l’on appellera plus tard le pré-fauvisme puis qu’ils font de Van Dongen le précurseur du mouvement, précédent en cela Matisse. Il se marie avec Guus le 11 juillet 1901 à Saint Pierre de Montmartre.

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Dernière mise à jour : mercredi 12 juillet 1999