Une naissance dans le scandale

Le Fauvisme fut un mouvement pictural francais que l’on situe entre 1904 et 1908 dans sa période la plus active. Le style «fauve» se caractérise par un emploi quasi exclusif de couleurs pures, bien que sur ce point Van Dongen se démarque fréquement en utilisant assez largement de tons rompus (tels que des violets, rose et verts). Le fauvisme passe par l’utilisation de larges aplats, d’une simplification systématique du trait et de la composition: tous les moyens sont recherchés pour obtenir force, intensité afin de frapper la sensibilité. Il rejoint en cela le mouvement expressionniste allemand ‘Die Brücke’ è la différence majeure, il est vrai, que le fauvisme se veut avant tout expression du bonheur, de la beauté.
Henri Matisse,
Portrait de Derain,
1905
huile sur toile,
18,40 x 28,34 cm
Londres, Tate Gallery

Quelques rares critiques soutiennent les artistes
Le critique d’art du journal Gil Blas, Louis Vauxcelles inventa le terme lors du Salon d’Automne 1905, lorsqu’il découvrit la salle VII de l’exposition où les organisateurs avaient regroupé les toiles aux couleurs les plus vives. Or dans la salle étaient disposées deux statues dont une représentant un jeune garçon de marbre blanc. A la vision de cette statue au milieu des oeuvres bariolées, le critique s’écria : «C’est Donatello chez les fauves !», c’était la naissance officielle d’un mouvement dont le style était appliqué par quelques peintres depuis plusieurs années déjà (Vauxcelles créa aussi le terme Cubisme en 1908). Les oeuvres choquèrent la grande majorité du public et des critiques; l'impressionnisme qui a tant inspiré les fauves n'était lui-même pas encore entré dans les moeurs. Ainsi, le musée du Louvre refusait en 1894 la donation Caillebotte, une exeptionnelle collection d'oeuvres impressionnistes. Tous les peintres de la salle VII ne feront toutefois pas partie du mouvement. Si Vauxcelles fut un fervent défenseur du mouvement, le terme qu’il inventa était utilisé d'une manière particulièrement péjorative par la majorité des critiques de l’époque. Il faut dire qu’il ne s’imposa comme terme générique que dans les années 30, bien après la fin de celui-ci.

André Derain,
Les deux péniches,
1906,
huile sur toile,
80x97,3cm
Paris,
musée national d'Art moderne

A la différence de beaucoup d’autres mouvements artistiques et notamment de l’impressionnisme, le fauvisme ne se présente pas comme un groupe d’artistes homogène, mais plutôt comme des peintres partageant un même besoin de représenter les choses telles qu’ils les voyaient et non telles qu’elles étaient réellement. Néanmoins de par l’influence qu’il eut sur les autres peintres du groupe, Matisse peut être considéré comme le chef de file des fauves.
Un mouvement en rupture mais pas sans influences
Les influences post-impressionnistes de Van Gogh et de Ganguin sont manifestes tant dans le fond que dans la forme et il est à noter que Vlaminck, Derain et Matisse visitèrent tous trois l’exposition de Van Gogh à Paris en 1901. C'est que le fauvisme s’inscrit tout à fait dans la démarche artistique de Gauguin pour qui le peintre ne doit pas chercher à immiter la nature, mais doit créer sa propre nature. En fait c’est leur talent de coloristes et leur refus de l’académisme qui constituent la raison d’être du mouvement et qui en assure le véritable ciment. Le rôle de Matisse dans ce mouvement, quoique bref, est primordial : Il ne fut pas véritablement l'inventeur du Fauvisme mais joue certainement le rôle de théoricien du mouvement. Il fut en effet surnommé "le professeur" par les autres peintres fauves...

Deuxième partie

Dernière mise à jour : lundi 21 juillet 1999.