Si 1905 est la date de naissance officielle du mouvement, chaque peintre, que ce soient Matisse, Vlaminck, Derain, Marquet et Valtat peignaient tous ‘à la manière’ fauve depuis plusieurs années (Matisse élabora le genre dès 1896). Le salon d’automne marque plus un point de convergence qu’une naissance véritable. Van Dongen constitua une certaine exception dans le groupe, il fut de ‘fauve de la femme’, car plus que tout autre du groupe il peint la femme en cherchant à la mettre en valeur et à l’embellir. La Femme au Chapeau fut peinte par Matisse en 1905 à Paris, à son retour de Collioure, il représente la femme de l’artiste. D’un poncif de la peinture de l’époque, tous les peintres auront peint
une femme au chapeau au début du siècle, Matisse va réaliser un tour de force dans la juxtaposition des couleurs, dans la liberté de la composition; c’est l’oeuvre fauve par excellence. Elle fut exposée au salon d’automne de 1905 et fut achetée par Leo Stein pour 500 francs qui rapportera : «...une de celles du salon qui ont fait rire tout le monde à part quelques personnes qui en étaient folles». Les grandes figures du Fauvisme furent Matisse, le précurseur bien qu’il n’abandonna le tachisme que vers 1905. Derain et Vlaminck pourraient quant à eux constituer l’ossature du mouvement, constituant l’école de Chatou. En 1900, il peindront de concert dans cette région. Ils rencontrèrent Matisse à l’exposition consacrée à Van Gogh en 1901. Vlaminck est un autodidacte, anarchiste qui n’hésite pas à emplir de couleurs et d’énergie ses toiles. Derain peindra aux cotés de Vlaminck puis à Collioure avec Matisse; il ramènera de Londres certaines de ses toiles fauves des plus réussies. Raoul Dufy est lui aussi l’un des piliers du mouvement et si on parle d’une école de Chatou, une école du Havre s’impose puisque Dufy, Braque et Friesz qui ont étudiés tous trois à l ’école des Beaux-Arts du Havre peindront de nombreux paysages fauves. A ces grandes figures du fauvisme vont venir s’ajouter nombre de peintres de talent pour qui le fauvisme ne représenta qu’une partie d’une oeuvre mieux connues. C’est évidemment le cas de Braque qui connaîtra une période fauve de 1906 à 1907. Il y eu aussi Henri Manguin, Albert Marquet, Valtat, Jean Puy et Camoin chez qui l’influence de Cézanne tempère la palette de fauve. On le voit, Van Dongen représente une exception au groupe. Il restera essentiellement parisien alors que les fauves iront tous chercher la lumière de la côte d’azur. De plus il ne peindra que peu de paysages contrairement aux autres pour qui les paysages seront une importante source d’inspiration. Toutefois c’est lui qui restera «fauve» le plus longtemps. La brève longévité du mouvement s’explique que tous ces peintres alors à la pointe de l’avant-garde évoluèrent rapidement vers des styles nouveaux, bien que Van Dongen continua encore jusqu’aux années 20. La phrase de Matisse: «La peinture fauve n’est pas tout, mais elle est à la base de tout» traduit bien ce sentiment.
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Dernière mise à jour : 28/03/1997.